Existe-t-il un vaccin contre les crises d'angoisse ?

Description du récit « C’est dur d’avoir 20 ans en 2020.» J’ai ri jaune en entendant cette déclaration du chef de l’Etat, le 14 octobre 2020. A cette époque, comme beaucoup de jeunes, je me sentais abandonné par les pouvoirs publics. Je faisais l’expérience d’un stress intense et d’importants coup de déprimes. L’isolement, les cours dispensés intégralement en ligne, ajoutés à tous les problèmes que connaissent les jeunes adultes, avaient rendu nos vies difficiles, et peu de gens semblaient reconnaître le sacrifice demandé aux étudiants.
L’année 2020 s’était pourtant relativement bien passée pour moi. J’avais vécu un premier confinement en échange Erasmus entre mars et juillet 2020, en colocation avec quelques connaissances, puis un second confinement dans une résidence étudiante. Hormis une sensation de stress et d’incertitude, je ne sentais pas ma santé en danger. J’étais cependant sur le point de faire l’expérience d’un problème d’une nouvelle intensité.
Début janvier 2021, après la période des fêtes et du nouvel an, le retour des responsabilités déclenche chez moi des crises d’angoisse qui me clouent au lit pendant quelques jours. Peu à peu, j’apprends à connaître mes symptômes : sensation d’angoisse quasi-constante, fatigue, vertiges, sensation de déséquilibre permanent. Très vite, je développe aussi des phobies, peur des battements de mon cœur, de m’évanouir, de mourir.
Quand ce genre de problèmes arrivent, on s’en veut d’abord à soi-même. Dès les premiers jours je repasse tout ce que j’ai pu faire de mal à mon corps et à mon esprit dans les dernières années. Était-il raisonnable de consommer autant d’alcool pendant mon Erasmus et mon second confinement ? Aurais-je dû apprendre à m’écouter plus tôt ? Était-il si raisonnable de me mettre à fumer du tabac et du cannabis ces deux dernières années ? Aurais-je dû être plus proche de ma famille pour me sentir plus stable ?
En parallèle, je commence à chercher de l’aide, et à comprendre réellement ce qui m’arrive. Comme pour beaucoup de cas d’angoisse, on me prescrit des anxiolytiques. Loin d’être un traitement de fond, ces médicaments permettent de « limiter les dégâts », d’étouffer les moments où le corps entre en crise. Je consulte ensuite une psychologue, qui m’aide à essayer de comprendre pourquoi je suis dans cet état. J’essaie tout pour tenter de revenir à la normale : méditation, relaxation, exercice physique. Mais rien n’y fait.
La vie continue
La maladie s’est progressivement intégrée à mon quotidien. En février, ma copine rencontrée en Erasmus me rejoint. En mars, je trouve un stage et en avril, je commence à travailler. C’est à ce moment que je m’installe avec ma copine en Foyer de jeunes travailleurs, pour fréquenter d’autres jeunes et avoir une vie sociale « normale ».
En mai, comme tout le monde, je souffle pour la première fois depuis longtemps en voyant la vie reprendre à nouveau dans les rues. C’est à ce moment que je réalise à quel point les mesures restrictives pesaient sur moi.
Aujourd’hui, mes problèmes n’ont pas disparu, j’essaie d’apprendre à les connaître, et à « faire avec », pour avancer. De temps à autre, les symptômes changent, les stress se transforment en douleurs, les douleurs en sensations de tension, et ces sensations en fatigue. De temps en temps, aussi, je me sens presque « normal » le temps d’une journée.
S’il reste un handicap majeur dans ma vie aujourd’hui, j’ai compris que mon problème disparaîtrait avec le temps. Si ma crise a certainement été provoquée par la situation imposée aux étudiants, elle correspond aussi certainement à une période de transition dans mon esprit, et elle ne s’arrêtera uniquement lorsque je serais en accord avec moi-même. Je suis cependant plus serein. Aujourd’hui, le plus important pour moi est d’être à l’aise pour en parler, et de ne pas abandonner la recherche de solutions.
Type de récit Témoignage
Ce récit illustre quelle partie de la motion?
  • Conclusion
Nom du contributeur Résident Habitat Jeunes
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